Champollion, un Génie Passionné

Jean-François Champollion n’a que 9 ans lorsque le destin décide de se mêler de ce petit bonhomme qui deviendra, grâce à cette fameuse découverte de juillet 1799, un des plus grands génies des Sciences Sacrées que sont les Hiéroglyphes.

Par Fabienne Abdeljelil

C ’est grâce à la découverte de la Pierre de Rosette, pendant l’expédition d’Egypte par Bonaparte, que le Lieutenant Bouchard met au jour cette célèbre Pierre qui bousculera le destin de ce petit garçon Français né à Figeac un jour de Décembre 1790.

Très jeune Champollion se passionne pour l ’étude des langues (latin, grec), et s’initie aux antiques civilisations de l’Orient. Doué pour l’apprentissage des langues, il maitrise parfaitement le Copte, l’Hébreu, le Chaldéen, le Syriaque, l’Ethiopien, l’Arabe et l’Araméen.

Portrait de champollion
Portrait de Jean-François Champollion – crédit photo CC-BY-SA 4.0

C ’est à 15 ans que sa rencontre avec l’Egypte Antique a lieu grâce au Préfet Joseph Fourier, qui prit part à l’expédition d’Egypte quelques années plus tôt. Par l’action de ce Monsieur, qui a ramené une collection d’objets, Jean-François Champollion éblouit et fasciné s’écrit : » Je veux faire de l’Antique Nation Egyptienne une étude approfondie et continuelle ».

Les origines de la passion de Champollion

A 17 ans, pendant son séjour à Paris, il déchiffre de vieux manuscrits coptes, la langue des premiers Chrétiens d’Egypte, qu’il apprendra à lire au contact d’un vieux moine Egyptien ramené par Bonaparte lors de la fameuse expédition Française.

Champollion, à tout juste 20 ans, est professeur d ’histoire ancienne à la faculté de lettre de Grenoble. La rédaction de son mémoire sur » l’Ecriture des Egyptiens », soutient l’hypothèse que le Copte serait une forme moderne de l’écriture hiéroglyphique. Il affirme également que l’Ecriture Egyptienne ne se limite pas uniquement à des mots ou des idées, mais qu’elle exprime aussi des sons, et ne note pas les voyelles.

Ce n ’est qu’à partir de sa 27 ème année, après la chute de l’Empire et quelques ennuis politiques, que notre jeune homme est de retour sur sa terre natale. Il profite de mettre au point une grammaire et un dictionnaire de la langue Copte ainsi que de se pencher plus sérieusement sur la fameuse Pierre de Rosette qui reste toujours une énigme.

La pierre de rosette déchiffrée par Champollion
La pierre de Rosette – crédit photo CC-BY-SA 4.0

En Mai 1821, Jean-François Champollion établit que le Hiératique est en fait une écriture Hiéroglyphique simplifiée, et que le Hiératique et le Démotique dérivent des Hiéroglyphes. Il crée alors, des tables de correspondances entre ces 3 écritures.

En Décembre 1821, se basant sur les travaux du Britannique et rival Thomas Young, et grâce au cartouche du Pharaon PTOLEMEE, il comprend que chaque Hiéroglyphe correspond alphabétiquement au son de la lettre par laquelle commence le nom Egyptien de l’objet représenté. Grâce à ce cartouche, il identifie les 7 signes-sons qui le composent : PT O LM Y S.

En Janvier 1822 Champollion complète ces 7 premiers signes par ceux qu ’il lit sur le cartouche de CLEOPATRE inscrit sur un obélisque du Temple de Philae. Il compare les 2 cartouches (PTOLEMEE et CLEOPATRE), où il retrouve les 3 signes communs P, O, L. Il déduit le son des autres Hiéroglyphes du nom de CLEOPATRE et se trouve en possession de 12 lettres qui lui permettent de trouver d’autres noms de souverains comme TIBERE, DOMITIEN etc… Il découvrira par la suite que les Hiéroglyphes sont aussi des idées, des déterminatifs.

Il observera sur le Zodiaque de Dendérah, rapporté en France en 1821 et publié dans la « Description de l’Egypte », que ces signes sont muets, qu’ils facilitent simplement l’identification des mots et indiquent dans quelle catégorie se classent ces mots.

Carnet de notes de Champollion
page du carnet de notes de Champollion – crédit photo CC-BY-SA 4.0

La découverte des clés du déchiffrement

La Clé du Déchiffrement est bel et bien ce fameux matin du 14 Septembre 1822, où Jean-François Champollion examine un cartouche envoyé par l’architecte et ami Huyot. Il s’agit du cartouche du Pharaon RAMSES II copié dans le Temple d’Abou- Simbel en Nubie. Il reconnait le Hiéroglyphe S rencontré dans le cartouche de PTOLEMEE, qui est répété 2 fois. Il retrouve également le signe évoquant la naissance, qu’il avait repéré sur la Pierre de Rosette, et en Copte le mot »micé » signifie « engendrer, mettre au monde ». Reste un dernier signe qui a la forme d’un cercle, il suppose que c’est la représentation du Soleil, qui toujours en copte, se dit « RÂ ». Mis bout à bout, le tout se lit « Ra-micé-ss » RAMSES !!! Qui veut dire « RÊ l’a engendré ».

Champollion sait maintenant qu ’un Hiéroglyphe peut représenter un son, une idée et des déterminatifs. Au terme de ces travaux épuisants, il se rend chez son frère et lui crie « Je tiens l’affaire » et s’écroule d’épuisement et d’émotion pendant plusieurs jours.

Le 27 Septembre1822, remis de ses émotions, il rédige sa fameuse lettre à Mr DACIER de l’Académie des Inscriptions et Belles -Lettres pour lui annoncer qu’il a réussi à déchiffrer les Hiéroglyphes, il écrira ces mots :

« C’est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot. ». Cette Lettre est l’acte fondateur du déchiffrement des Hiéroglyphes par Champollion. Il signe ainsi l’acte de naissance d’une nouvelle discipline « l’Egyptologie ».

En 1824 il publiera son «Précis du Système Hiéroglyphique des Anciens Egyptiens», et enfin en 1828, il réalisera son vœu le plus cher : aller à la rencontre de ses chers Pharaons sur leur terre natale.

Une passion partagée avec son frère

Il ne faut surtout pas oublier dans cette belle aventure, l ’aide précieuse et le soutien indéfectible de son grand frère et parrain, le bien nommé Jacques-Joseph Champollion, qui fût pour Jean-François son pilier, son pygmalion. Il l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie et même au-delà, dans ses recherches ; c’est bien son frère qui lui transmettra cette belle vocation, cette étourdissante passion.

Il va l’aider dans la correction de ses écrits, en rédige certains, lui présente de nombreux contacts, et le soutient matériellement et moralement. Jean-François Champollion écrira en 1812 :

“Tu ne concevras pas jusqu’à quel point je suis touché de toutes les peines que tu te donnes pour moi…L’Egypte chante tes louanges pour les bienfaits que tu m’as prodigués.”

L’héritage de Champollion

Jean-François Champollion s ’éteint trop tôt à 41 ans, épuisé par toutes ces années de dur labeur. Son frère transmettra fidèlement son héritage en publiant ses ouvrages après sa mort. Sa tombe se trouve au cimetière du Père Lachaise à Paris, elle est reconnaissable grâce à l’obélisque qui la surmonte. Il est le premier conservateur du Musée Egyptien du Louvre et restera le pionnier et le Père de l’Egyptologie.

Sans jamais fouler le sol Egyptien, Champollion aura réussi, ou d ’autres ont échoué avant lui, à déchiffrer l’indéchiffrable, à ressusciter ces Ecritures Sacrées endormies depuis des millénaires.

C’est à force de persévérance, d’intelligence et de passion que notre génie Français a réussi à percer un mystère vieux de 4 000 ans pour le plus grand bonheur des générations suivantes…

Article écrit par Fabienne Abdeljelil – 24/09/2022


Vidéo : Champollion, le père de l’égyptologie